Maniema: 2 Journalistes alertent sur la surexploitation de l'essence Mufula dans les territoires de Kasongo et de Kibombo
Deux journalistes du Maniema, à savoir Modeste Shabani et Grâce Mbambi viennent de rendre public le résultat d'un rapport de sensibilisation sur la protection biodiversité au Maniema, particulièrement dans les territoires de Kasongo et de Kibombo, au sud de la province.
Ces travaux ont été appuyés par Rain Forest Jurnalim Fund, RJF et Pulitzer Center. Dans leur constat, ces 2 journalistes ont déploré la surexploitation, souvent clandestine, d'une essence appelée localement Mufula dans les territoires précités.
Située au centre-Est de la République Démocratique du Congo, la province du Maniema constitue la 4eme réserve forestière du pays après les provinces de l’Equateur, la Tshopo et du Bandundu.
Avec une superficie totale de 7 951 km2, la foret du Maniema regorge plusieurs types d’essence dont le plus connu et le plus exploité est le (clorophora) localement connu sous le nom de Mufula qui sert de fabrication de meubles et de construction de maisons.
Cette essence dont l’accroissement annuel est de 0,5 cm est aujourd’hui surexploitée dans tous les 7 territoires du Maniema, principalement les territoires de Kibombo et de Kasongo, selon le dernier rapport de la Division Provinciale de l’Environnement du Maniema.
Les dégâts de cette surexploitation sont écologiques avec une diminution de la biodiversité mais les conséquences sont aussi économiques avec la perte de plusieurs milliers de dollars chaque semaine dans les caisses de l’Etat étant donné que l’exploitation échappe au contrôle du pouvoir public.
Sur terrain, même les communautés locales ne tirent aucun profit de cette surexploitation car les exploitants souvent clandestins, acheminent leurs dividendes vers les provinces voisines, comme le Sud-Kivu et le Haut Katanga.
Devant cette exploitation criminelle et incontrôlée, l’essence Mufula est entrain de disparaitre complètement des forets de la province du Maniema. Le risque est que cette essence soit méconnue par les générations futures.
Ainsi, il y’a 50 ans passés, il fallait parcourir juste quelques mètres pour trouver un Mufula derrière les villages, mais aujourd’hui, il faut parcourir au moins 15km pour trouver les rares Mufula qui ont survécu au carnage des exploitants forestiers du Maniema.
Pour essayer d’atténuer ce dégât, Angali SALUMU, membre de l’ONG Vert qui milite pour la protection de la biodiversité tente de planter quelques Mufula dans son jardin situé dans le territoire de Kasongo, mais son activité n’est pas soutenue par l’Etat congolais.
Le gouvernement central et provincial et les services étatiques œuvrant dans le secteur de l’environnement sont appelés à soutenir les efforts des organisations de la société civile dans la sauvegarde de l’essence MUFULA, au besoin, à encourager son renouvellement par l’agro foresterie vu ses multiples recettes.
Le Mufula est un symbole du pouvoir, il sert dans la médicine traditionnelle. Par ailleurs, son bois dur est de bonne qualité pour la fabrication de meubles. Hélas, sa surexploitation dans la province du Maniema en général et particulièrement dans les territoires de Kibombo et Kasongo tend à la faire disparaitre.
Par Grâce Mbambi et Modeste Shabani
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